J’ai rencontré la dentelle aux fuseaux à la fin des années 80, alors que j’habitais la région de Valenciennes.
Les bases acquises auprès de ma sœur ainée m’ont permis de poursuivre mon apprentissage au travers de livres, toujours plus nombreux.
j’ai tout de suite aimé cette technique originale de jouer avec du fil et les potentialités infinies qui lui sont liées.
Au fil du temps, j’ai continué à pratiquer ce qui était alors pour moi un loisir créatif, à chercher comment faire de la dentelle en testant des techniques différentes provenant d’autres régions ou d’autres pays, chacun ayant développé au fil du temps des particularités qui lui sont propres. Apprentissage qui s’est fait au travers de livres, toujours plus nombreux ; et auprès de Nathalie Bailly artiste dentelière, MOF, lors de semaines de stage en Haute Loire.
Cette technique difficile et minutieuse, qui demande beaucoup de temps pour être apprivoisée, ne doit pas être limitante, elle est une base sur laquelle s’appuyer pour trouver un moyen de faire ce que l’on a envie, parfois en détournant l’existant ou en apportant des façons nouvelles et originales de travailler qui permettent de contourner une difficulté.
Me sentant un peu à l’étroit dans l’existant, dans l’image désuète d’un univers peuplé de napperons, j’avais envie d’aventure, de tester, d’explorer des limites, de faire face à mes contradictions, de parvenir à associer harmonieusement l’utilisation conventionnelle des techniques dentellières et l’envie de travailler différemment avec les mêmes outils. Les possibilités offertes par cette technique sont illimitées, s’affranchir de ce savoir très codifié ouvre des perspectives d’une richesse infinie.
Au fil du temps, mon savoir faire est devenu vivant, s’enrichissant de nouveautés au travers d’essais et d’échecs ; échecs au sens où l’objectif n’est pas atteint, mais qui sont toujours riches d’enseignement et qui permettent parfois de découvrir une façon de travailler intéressante.
Au fil du chemin est apparu un style qui m’est propre, situé entre le design et l’art contemporain, mais qui n’est pas figé, je me pose telle une artiste dentelière, toujours en devenir. J’ai, à ce jour, plusieurs axes d’exploration, mais l’avenir n’est pas écrit. C’est au fil du temps et du travail qu’apparaîtront les chemins empruntés dans le futur et dont je n’ai pas idée aujourd’hui.
La dentelle, plus qu’un simple artisanat, est un véritable art de vivre. Dans chaque fil entrelacé, elle devient un outil de réflexion, un lieu de création où les pensées se tissent aussi subtilement que les motifs qu’elle dévoile.
Ce savoir-faire ancestral se transforme alors en une thérapie douce et bienveillante. Dans la patience et la précision des gestes, la dentelle soigne les blessures de l’âme et panse les plaies du cœur. Elle est cette alliée discrète mais puissante, qui nous aide à affronter les épreuves de la vie avec grâce et élégance.
Ce travail artistique, en sculptant patiemment les fils, permet alors la sculpture de soi.
Contrairement au compliqué dont on peut venir à bout avec du temps, de la méthode et de l’expertise, le complexe garde toujours une part d’inexpliqué, même quand on déploie d’immenses moyens pour le comprendre. Il n’est donc pas complètement contrôlable, une partie au moins nous échappe.
La dentelle peut être véritablement compliquée, tant dans sa conception et sa réalisation que dans sa lecture.
Mais nous pouvons déconstruire cet aspect. Dans un processus de dépouillement, d’épuration, de laisser aller ce qui n’est pas essentiel, ce qui encombre et empêche d’avancer pour aller vers l’essence pure.
C’est un voyage subtil et profond, une quête de la vérité. Regarder une chose compliquée en face demande courage et foi, demande de croire en la possibilité de la simplicité, même lorsqu’elle semble hors de portée.
Et lorsque nous y arrivons, nous découvrons la beauté du minimalisme. Nous réalisons que la simplicité n’est pas un manque, mais plutôt une richesse. Elle nous permet de voir plus clair, de respirer plus librement, de vivre plus pleinement.
Alors, osons le voyage vers la simplicité. Ayons foi en la possibilité d’une vie plus légère, plus simple, plus vraie. Et laissons nous guider par la beauté du minimalisme, qui nous rappelle que l’essentiel est souvent ce qu’il y a de plus beau.
La simplicité révèle la splendeur cachée dans chaque instant, chaque détail, chaque souffle.
La simplicité n’est pas un manque, mais une plénitude, une présence complète à soi et au monde. C’est une invitation à vivre pleinement, à savourer chaque moment avec une intensité nouvelle.
En embrassant la simplicité, nous trouvons la paix. Le chemin du complexe au simple est une voie de transformation intérieure, un pèlerinage vers notre véritable essence.
Dans cette danse de fils, de mains, et de pensées la dentelle devient une méditation active, une manière de trouver l’équilibre et la sérénité. La dentelle nous invite à ralentir, à savourer le moment présent, à transformer l’ordinaire en extraordinaire.
Ainsi, la dentelle n’est pas seulement un art, mais une philosophie, un chemin vers la compréhension de soi et du monde. Elle nous rappelle que, dans la fragilité et la complexité, il y a une force et une simplicité qui attendent d’être découvertes.
Voir le potentiel dans quelque chose qui n’existe pas encore c’est contempler un espace vide et y discerner la promesse d’une œuvre à venir, une beauté latente prête à se révéler. C’est l’art de percevoir la splendeur dans le néant.
C’est tenir un simple fil et entrevoir la dentelle délicate qu’il deviendra. C’est comprendre que chaque matière brute porte en elle une infinité de possibles.
C’est avoir le courage de rêver et la volonté de créer ; croire en la magie de l’imagination ; accepter l’incertitude et la transformer en source d’inspiration ; accueillir le vide et le remplir de sens ; mais parfois aussi rencontrer frustration et déception.
C’est embrasser le rôle de l’alchimiste, celui qui transforme le plomb en or, le rêve en réalité, le fil en dentelle. C’est une célébration du non encore visible, une danse avec l’inconnu. C’est reconnaître que dans chaque ombre se cache une lumière, et dans chaque silence, une mélodie prête à naître.
Dentelle et Tai Chi Chuan sont deux arts anciens qui se rencontrent dans une danse harmonieuse où la délicatesse des fils entrelacés rejoint la fluidité des mouvements du corps. À première vue, ces deux pratiques peuvent sembler éloignées, mais elles partagent une essence commune : une quête de l’équilibre, de la sérénité et de la beauté dans la simplicité.
Dans l’art de la dentelle chaque fil est une promesse, chaque point une étape vers la création d’un motif délicat. La dentellière, avec une patience infinie, tisse des histoires de fil et de soie, chaque geste calculé, chaque mouvement précis. C’est un travail d’attention et de minutie, où chaque détail compte, chaque décision influence la beauté finale de l’œuvre. La dentelle est une méditation active, une manière de ralentir le temps et de savourer la beauté du moment présent.
Le Tai Chi Chuan, souvent décrit comme une méditation en mouvement, est un art martial qui prône la fluidité, l’harmonie et la douceur. Chaque posture, chaque geste est réalisé avec une attention particulière à la respiration, à l’équilibre et à la coordination. Le pratiquant de Tai Chi Chuan apprend à canaliser son énergie, à trouver une harmonie intérieure qui se reflète dans la grâce de ses mouvements. C’est une danse de l’esprit et du corps, une exploration de la tranquillité dans l’action.
La dentelle et le Tai Chi Chuan, bien que distincts dans leurs formes et leurs origines, partagent une essence commune : une quête de simplicité, d’équilibre et de beauté intérieure au travers de la précision et de l’harmonie. Dans chaque fil entrelacé et chaque mouvement fluide, ces arts nous enseignent à trouver l’harmonie dans la complexité, à révéler la pureté cachée dans l’ordinaire.
Dans la dentelle, chaque fil trouve sa place, chaque motif est le résultat d’un équilibre délicat entre tension et relâchement. De même, dans le Tai Chi Chuan, chaque mouvement est une recherche de l’équilibre parfait entre le yin et le yang, entre la force et la souplesse.
Les deux arts enseignent que la beauté réside dans les détails et que la simplicité est souvent le fruit d’un travail complexe et réfléchi. En tissant la dentelle, comme en pratiquant le Tai Chi Chuan, on apprend à se connecter avec soi-même, à écouter son propre rythme, à trouver une sérénité intérieure.
En combinant la pratique de la dentelle et du Tai Chi Chuan, on découvre une voie de transformation intérieure. La patience et la précision de la dentelle nous apprennent à apprécier la lenteur, à valoriser chaque petit geste. La fluidité et l’harmonie du Tai Chi Chuan nous guident vers une conscience corporelle et une paix intérieure. Ensemble, ils nous montrent que la véritable beauté et la véritable force résident dans la simplicité et la délicatesse.
Comme la dentelle, le Tai Chi Chuan déconstruit le complexe pour arriver à la simplicité, révélant l’essence pure de ce qui nous habite.
Dans la pratique de la dentelle, comme dans le Tai Chi Chuan, il y a un passage du complexe au simple, un processus de dépouillement.
Je me laisse porter par ce qui m’émeut et laisse son empreinte dans notre paysage émotionnel, au travers de la délicatesse, de la finesse, de la transparence potentiellement contenue dans mes bobines de fil
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